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Charlotte partage and Co° o O°
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30 mars 2011

Lycée Autogéré de Paris: où en est-on ?

Il y a deux mois environ, je recevais un mail de mon ancien lycée, alertant tout ses contacts qu'il était menacé de fermeture, par une décision administrative ordonnant la suppression de 5 postes à la prochaine rentrée... sur 25 postes en tout!

Ce lycée étant très particulier, beaucoup de gens ont d'excellentes raisons de souhaiter de tout leur coeur, et même de toutes leurs trippes, qu'il continue d'exister. Je suis de ces gens-là, et je prendrai un jour le temps d'expliquer pourquoi.

J'avais donc aussitôt publié sur ce blog le lien pour s'informer à ce sujet et signer une pétition de soutien... (cliquer ici pour voir le premier article)

 IMG_0802

Le site du Lycée Autogéré de Paris: http://www.l-a-p.org/

 

Je viens de recevoir un compte rendu des dernières nouvelles, plutôt rassurantes, bien que pas entièrement satisfaisantes, et je respire.

Je continue à suivre celà de près.

Cette alerte m'a permis de de me rappeler à quel point cet endroit et ce qui s'y fait est important pour moi, d'une part, et d'autre part à quel point une décision prise de très loin sur un papier peut mettre sens dessus dessous la vie de toute une communauté, de tant d'individus... Souvenez-vous-en!

 

jpg_LAP_2003 

 

Voici donc le copié collé du compte rendu:

 


/C'était le 22 mars 2011, un nuage survolait la France. Et pendant
ce temps-là, au Lycée autogéré de Paris.../

En juin 2011, le lycée autogéré de Paris aura atteint 29 ans.
Cette structure originale du service publique de l'Éducation
Nationale s'adresse à des enseignants et à des élèves «
volontaires ». De plus, le lycée autogéré accueille parmi d'autres
des élèves en souffrance, en échec, décrocheurs… Mais ce qui le
distingue de la plupart des lycées publics, c'est la mise en pratique
de deux principes.

Le premier principe est celui de /l'autogestion/, on peut le
qualifier de principe « positif ».

Il y a une véritable autogestion de l’établissement par
l’équipe et il y a aussi une forme d’autogestion par les
élèves. Tout membre de la communauté scolaire est considéré comme
une personne. (ouvrier d’entretien, élève, enseignant, etc.) et
lors des prises de décisions formalisées, c’est le principe « une
personne, une voix ! » qui est appliqué. Le modèle est celui de la
coopérative. Cela implique que tout individu fréquentant cet
établissement est digne de considération. Cela implique que tout le
monde assume les tâches indispensables, et a pu justifier le nombre
très faible de personnels spécialisés : actuellement un ouvrier et
une secrétaire.

Le deuxième principe est celui de /libre fréquentation par les
élèves/, on peut le qualifier de principe « négatif ».
L’absentéisme des élèves n’y est pratiquement pas puni. Ce
principe favorise la liberté de parole et l’envie, le désir
d’aller à l’école ou d’y retourner comme celui de participer
aux activités.

La mise en œuvre de ces principes suppose une organisation du temps
propre à l'établissement.

La grille d’emploi du temps fait une large place aux activités «
politiques », c’est -à-dire aux réflexions sur ce qui se passe
dans cette « petite cité ». La grille organise des rencontres
variées entre élèves de tous niveaux et de toutes sections. De
plus, le lycée accorde une large place aux activités artistiques
mais, s'il ne prépare pas qu'au bac, il prépare au bac !

De par son existence, ce lycée démontre que l’on peut employer
les ressources de l’éducation nationale autrement et à d’autres
fins que celles communément admises, à condition d'accepter d'y
consacrer du temps, et de l'énergie. Cette dépense d'énergie en
fonctionnement normal est consacrée à la bonne marche de
l'établissement. Enseignement, gestion, suivi d'élèves,
concertation avec les collègues, cela constitue l'ordinaire de chaque
prof.

Actuellement, et ce depuis le 3 février 2011, l'essentiel des
efforts est voué à la survie pure et simple de l'expérience. En
effet, ce jour-là, on apprenait au lycée la suppression d'une
centaine d'heure, dans le cadre de la participation à « l'effort
national de gestion resserrée », ce qui entrainait la suppression de
5 postes d'enseignants, sur 25.

Les membres du lycée, des parents, des anciens professeurs et des
anciens élèves se sont immédiatement mobilisés pour obtenir le
rétablissement des « moyens humains ».

Une rencontre au Rectorat de Paris le 11 février a permis de limiter
les dégâts. D'après les membres de l'Administration, cette
diminution brutale du nombre de postes devait être mise sur le compte
d'une étourderie ! Il a été rapidement question de ramener le
nombre de postes à 24 et de rajouter un demi poste.

Dans le même temps, il a semblé opportun à l'Administration de
proposer de travailler à une « meilleure » insertion de cet
établissement dans le système scolaire parisien, voire à une «
normalisation » de ses pratiques. De part son expérience accumulée
au fil des ans le lycée autogéré pourrait apporter aux autres
établissements quelques éléments dans le domaine du « décrochage
scolaire ». Une « visite » de l'Administration était annoncée
pour le mercredi 23 mars, lendemain de la tenue du Comité Technique
Paritaire, chargé d'entériner les décisions en terme de gestion,
pour l'Académie de Paris.

Les membres de l'Administration se voulaient rassurant quant à
l'avenir du lycée autogéré. Il semble qu'ils n'avaient pas
réalisé ce qu'ils avaient provoqué par cet acte d'une violence
incroyable. En effet, ils s'apprêtaient à demander un effort
supplémentaire aux membres de l'équipe. Certes, ces derniers
étaient à nouveau reconnus implicitement comme
enseignants-chercheurs. Malheureusement on ne leur accordait ni les
moyens financiers ni les « moyens humains » qui devraient
accompagner une telle reconnaissance.

Et, pas plus qu'ils n'avaient mesuré le ressentiment éprouvé par
les membres du lycée et leurs amis, les membres de l'Administration
n'avaient mesuré le sentiment de solidarité qui les liait à ceux
qui se trouvaient dans les établissements « ordinaires ».
S'attendaient-ils à ce qu'un groupe de personnes soit prêt à lutter
pour défendre des valeurs et des convictions hors de leur territoire
prétendument clos ?

Les demandes de partage d'expérience, si elles étaient sérieuses,
supposaient au minimum le maintien de 25 postes. Quant à la lutte
contre le décrochage scolaire, pour ce qui relève de l'école, elle
mérite d'être menée en amont. Elle relève davantage de la
prévention que de la réparation. Elle suppose que les enseignants
soient considérés, respectés, et qu'ils soient en nombre suffisant
pour nouer d'authentiques relations avec les enseignés.

C'est à partir de ces quelques considérations que des enseignants
et des élèves du lycée autogéré ont occupé le Rectorat de Paris
avec des enseignants d'autres établissements. Ils protestaient
ensemble contre les suppressions de poste. Il y avait des enseignants
du collège Colette Besson, des lycées Fresnel, Théophile Gautier,
Voltaire, Gabriel Fauré. Les hasards du calendrier ont voulu que cet
événement se produise le mardi 22 mars, date symbolique s'il en est.

Et le mercredi 23 mars à 14 heures une importante délégation du
Rectorat arrivait au lycée. Il y avait du monde dans le jardin, le
ciel était bleu, c'était réellement le printemps. Mais la tension
était perceptible, et ici ou là, on évoquait la catastrophe
japonaise, et le probable survol de la France par un nuage très
faiblement radio-actif.

Voici la composition de la délégation.

Plus particulièrement chargés de l'attribution des moyens :

Madame Marie-France Mathieu Secrétaire Générale Adjointe chargée
du pôle EPLE et Monsieur Philippe FATRAS, Inspecteur d’académie
chargé du second degré,

Chargés de la pédagogie :

Madame Marie-Christine Duval , IA/IPR /de SVT,/

Monsieur Wolf Halberstadt, IA IPR d'allemand,

Monsieur Dominique Marcaillou, IA-IPR de Physique Chimie Doyen des
inspecteurs du second degré,

Et chargé de Mission « Innovations et expérimentations »,
Monsieur François MULLER.

Ils ont été immédiatement accueillis en Assemblée Générale où
une enseignante, Emmanuelle a présenté le déroulement de
l'après-midi. Le coordinateur a procédé a un petit rappel
historique et après une brève et émouvante mise en spectacle de
témoignages d'anciens élèves, la délégation a été invitée à
se rendre dans plusieurs salles dédiées aux thèmes suivants :

- Pourquoi et comment devient on élève au LAP ?

- Les groupes pédagogiques au LAP

- Les prises de décision (GB, RGG, Réunion d'équipe).AInsi

- Les commissions.

- Les projets et les ateliers

- Témoignages.

Le programme prévu n'a pu être respecté, car il était essentiel
que tout le monde se retrouve en AG à 16 heures. Seuls les quatre
premiers thèmes ont été abordés.

Ainsi des inspecteurs ont pu être amenés à entendre des paroles de
lycéen. Dans le premier atelier, ce qui apparaissait, c'est que la
diversité des personnes et des aspirations n'est pas prise en compte
dans l'enseignement ordinaire. Le manque d'écoute, de dialogue, voire
le déni peuvent pousser des élèves à refuser d'aller à l'école.

Mais certains d'entre eux, qui se sentent « tout à fait normaux »,
peuvent éprouver le désir de sortir des sentiers battus et rejoindre
cet établissement.

Dans le deuxième atelier les inspecteurs ont été surpris par le
fait que les enseignants du lycée ne se sentent pas obligés de
respecter les programmes officiels. Un point délicat était celui de
l'assiduité dans les activités. Il n'existe pas de système
formalisé, de sas pour ceux qui auraient manqué quelques cours.
Comme on pouvait s'y attendre, la présence impérative dans les cours
« classiques » n'était pas interrogée par les visiteurs. Au
lycée, on veut en finir avec une présence uniquement physique, pour
qu'enfin les élèves aident les enseignants à les aider. Les
inspecteurs insistent sur le fait que certaines pratiques qui ont
cours au lycée autogéré, autrefois innovantes, sont maintenant
passées dans les mœurs : inter ou pluridisciplinarité, travail sur
thème, interventions à plusieurs enseignants, etc.

Dans le troisième atelier, des élèves ont tenté de faire
comprendre le mieux possible ce qu'était l'organisation politique du
lycée autogéré : réunion d'équipe, groupes de base, réunion
générale de gestion, assemblée générale. Comme souvent, ils ont
été amenés à défendre une citoyenneté concrète, effective, et
à dénoncer ce qui ressemble fort à une parodie partout ailleurs.

Ils ont véritablement la parole, et pas uniquement dans les temps et
les instances prévus pour cela. Et ils l'ont démontré cet
après-midi par une relative aisance, face à des adultes habitués à
exercer des fonctions d'autorité.

Ils ont manifesté leur refus de se voir affublé d'une quelconque
étiquette, en particulier de celle de « décrocheur », ce qui
semblait contrarier les plans des visiteurs.

Alors que l'on aurait pu s'attendre à des questions sur la division
du travail, le partage des tâches et des compétences, des
responsabilités à l'intérieur de l'établissement, sur le régime
politique interne, le propos s'est centré sur la question des
contrôles et de l'évaluation, de la responsabilité juridique, et
des relations avec les parents.

L'un des enjeux consistait à faire entendre que, mineur ou majeur,
l'enfant est au lycée pour lui-même, et qu'il y répond de ses
actes. A priori, il n'y a pas de comptes à rendre aux parents.
Courageusement, quelques élèves ont expliqué comment très tôt
dans l'autre système ils interceptaient le courrier destiné à leurs
parents, comment ils signaient eux-mêmes les mots ou les carnets de
correspondance.

Il n'y a pas eu de protestation de la part des Autorités.
S’accommoderaient-elles de ces petites fraudes qui semblent fonder
cette vénérable institution ?

Mais alors, les parents peuvent-ils savoir ce que font leurs enfants
? Une ancienne élève a expliqué qu'après quelque temps passé au
lycée, elle montrait son carnet de bord, qui existe donc, à ses
parents, de sa propre initiative.

Quand même, il faut être conscient des risques encourus si les
absences ne sont pas signalées. Quelques membres de l'équipe ont
été amenés à expliquer que la sécurité réelle des élèves
passait avant leur propre sécurité administrative, et que de ce
point de vue, en presque trente ans, le nombre d'accidents graves
était infime. Et si la sûreté des élèves était à ce point, il
fallait regarder avec attention ce qu'était le fonctionnement du
lycée. Ce n'est pas du côté d'une chance extraordinaire qui
présiderait aux destinées de cet établissement qu'il faut chercher
l'explication. Chacun, au bout du compte, s'y sent concerné par ce
qui arrive aux autres, et c'est ainsi que l'on évite le pire.

On a évoqué la judiciarisation de la société (à l'américaine
comme il se doit, pourtant les lecteurs de Rabelais devraient savoir
que cette judiciarisation n'est pas nouvelle). Mais cela ne semblait
pas faire reculer les membres du lycée. Peut-être qu'à ce
moment-là, les visiteurs ont été surpris voire admiratifs devant ce
qui était à mettre au crédit des membres de l'équipe : plutôt que
de l'inconscience, il s'agissait bien d'une forme de courage.

Après que chacun se soit employé à faire comprendre que les
relations entre l'école, les enfants et les parents allaient
généralement en s'améliorant, au point que la communication se
rétablissait entre ses trois parties, la discussion est revenue sur
l'ouverture (ou la fermeture) du lycée : ouverture aux autres
établissements, ouverture aux regards extérieurs. Il est probable
que l'énergie mise par des élèves à défendre leur lycée ait
suscité quelque inquiétude quant au fonctionnement de ce lieu. En
effet ce n'est pas une attitude que l'on s'attendrait à trouver chez
des élèves en voie de « décrochage », de là à imaginer un
fonctionnement sectaire...

Il a fallu évoquer toutes les demandes de visite, toutes les
demandes pour réaliser des mémoires, dans le but d'obtenir des
diplômes en Sciences de l'éducation, Sociologie, Anthropologie, etc.
pour signifier qu'il y avait des regards extérieurs.

Et François Muller a rappelé qu'il avait été chargé du suivi de
l'expérience, et que dans ce cadre une personne avait fait un travail
sur le lycée.

L'atelier suivant, consacré aux commissions, a été écourté car
l'équipe du lycée qui organisait la visite tenait à ce qu'il y ait
un bilan collectif en Assemblée Générale.

Contentons-nous de rappeler que le fonctionnement du lycée est
assuré par des commissions spécialisées, budget, entretien,
relations extérieures, administration, etc. Et que ces commissions,
impératives pour les enseignants, sont facultatives pour les
élèves. Par contre, tous les membres du lycée ont à connaître de
leurs travaux. En particulier, le budget est discuté collectivement,
et adopté par vote.

Lors du retour en Assemblée Générale, tous les membres de la
délégation se sont installés face au public, en compagnie de trois
enseignants, Emmanuelle, Pascal qui est coordinateur et Vincent, et
d'une élève, Ambre.

On allait savoir ce qu'ils attendaient du lycée autogéré, et ce
qu'il allait advenir du demi-poste manquant.

Le discours des inspecteurs pédagogiques comme celui de M. Muller
était ambigu. Il oscillait entre l'envie de reconnaître
l'originalité du lycée autogéré, sans pouvoir ni vouloir la
nommer, et l'envie de faire reconnaître aux participants actuels de
cette expérience la banalité nouvelle de ce qu'ils vivaient. Eux,
qui sont à l'affût de tout ce qui bouge, savent qu'ailleurs, « ça
évolue beaucoup plus qu'on ne le pense. Il y a beaucoup d'ajustements
sur le terrain ».

Mais le coordinateur est revenu très vite sur l'action menée la
veille au rectorat et la rencontre avec le Directeur des services
académiques.

Monsieur Fatras a fait quelques remontrances après une action qui
pouvait desservir le lycée. Et, malgré la situation très
inconfortable qui était la sienne, il a prononcé un éloge sincère
du lycée autogéré, « vivant, bien vivant ». Il a tenté
d'expliquer qu'à sa place, il devait allouer le plus équitablement
possible des moyens qui étaient limités. Il n'était aucunement
responsable du contexte budgétaire.

Puis il a tenté d'expliciter les attentes, voire la commande, de
l'Institution vis-à-vis du lycée.

Le lycée devrait se questionner, s'interroger et diffuser ce qu'il
fait, ses résultats. Ce savoir-faire particulier acquis dans le
domaine du raccrochage scolaire intéresse l'Institution.

Le lycée pourrait s'associer à d'autres structures, on créerait
une synergie, on échangerait et travaillerait là-dessus.

Ensuite M. Marcaillou, doyen élu par ses pairs, explique qu'il a
travaillé à la rédaction de la convention qui lie l'Académie de
Paris, le lycée Jean Lurçat et le lycée autogéré. Cette
convention qui avait été signée en décembre 2010 confère enfin un
statut au lycée autogéré qui pourrait lui permettre de bénéficier
des aides de la Région. Ce qui importe à ses yeux, c'est de donner
du sens à l'enseignement, qu'il y ait des entrées thématiques, et
de s'intéresser aux élèves en état de décrochage. Il manifeste
l'envie d'aller voir ce qui se passe.

Deux élèves réagissent immédiatement.

Il n'y a pas que des élèves en état de décrochage ici, dit
l'une.

On n'essaie pas de raccrocher des élèves, mais d'éviter un
système qui fait décrocher, dit un autre. Il est très important de
revoir tout le système : et la forme, et le fond.

Il faut revoir les pratiques pédagogiques au quotidien, dit un
ancien élève.

Mme Duval — Vous semblez l'ignorer, mais c'est la révolution
partout ailleurs dans l'Éducation Nationale.

M. Halberstadt — Il s'agit avant tout de la mise en activité des
élèves. Nous négocions les contenus. On prône la prise de parole
en cours de langues, on favorise des activités différentes. En
France actuellement, l'Inspection est à la pointe de l'Innovation.
Pourquoi ne pas croiser nos expériences ?

Une élève — Quel décalage entre vos discours et vos actes ! On
veut bien nous faire participer ! Mais il y a un mois et demi, sans
concertation préalable, une décision du Rectorat fait disparaître
cinq postes. Nous sommes obligés de nous arrêter pour défendre le
lycée. Tout le monde doit prendre sur ses projets...

M. le Doyen tente de répondre mais le coordinateur s'empare de la
parole pour rappeler qu'en 2008, en présence de M. Muller, M.
Soussan, alors Directeur des services académiques, avait attribué de
sa propre initiative un demi poste supplémentaire au lycée parce
qu’il estimait que la charge de travail l'imposait et qu'il était
très difficile de travailler à mi-temps dans un tel établissement.
Et de rappeler les propos de M. Jean-Paul Delevoye, UMP et médiateur
de la République, qui vient de mettre en garde contre les
humiliations que fait subir la machine administrative. Ces propos
déclenchent un tonnerre d'applaudissements.

Un élève — Vous vantez les mérites de vos réformes. Mais il n'y
a qu'une partie des élèves à qui elles conviennent. Vos réformes
sont super, si vous le dites. Mais il n'y a pas beaucoup de petites
structures...

Une élève — Vous parlez de changement. On fait une place à
l'oral. Le problème, ce n'est pas seulement l'oral. La question,
c'est comment fonctionne un cours, par rapport au prof, la relation
qu'on établit. Actuellement, on ne peut pas dire qu'il y a du
respect. Pour nous ce qui importe, c'est d'apprendre, de comprendre
vraiment, pas de travailler pour des notes. Alors, si on enlève du
temps...

Un élève — Faire des économies sur l'éducation et prétendre
s'inquiéter des générations futures...

M. Fatras tente de reparler de la dette.

Une élève qui proteste — Normalement, on devrait être en cours.
On passe le bac. Et on est obligé de se battre pour conserver notre
lycée. Comment est-ce possible ?

Quelqu'un dit qu'il se sent insulté.

M. Fatras qui reprend ses explications — Il y a des choses sur
lesquelles on peut agir, il y a des choses sur lesquelles on ne peut
pas agir. Le budget de l'Éducation Nationale est un budget fermé, le
budget de l'Académie est un budget fermé. Nous nous efforçons de
faire une répartition la plus juste, la plus équitable possible.
Nous opérons une ponction sur l'ensemble, tous établissements
confondus, y compris les établissements privés. La loi de finances
est votée tous les ans par la représentation nationale. Elle a fait
le choix de diminuer la dette. Je n'ai pas le pouvoir d'agir
autrement. Je termine sur le mot « insulté ». C'est votre liberté
de le penser, mais il n'est pas du tout question de cela.

Une enseignante — Ce n'est pas en procédant de cette façon, en
sacrifiant l'Éducation qu'on laisse quelque chose aux générations
futures. Et puis, il y a une contradiction fondamentale dans vos
propositions : vous nous demandez de faire plus avec moins.
Entendez-le, si à vous, on vous enlève des postes, est-ce que vous
ferez plus ? Tous les jours, nous sommes sur le terrain, et nous ne
coûtons pas cher...

Quelqu'un — Votre devoir, ce n'est pas de pousser une gueulante ?

M. Fatras — Je suis ici dans ma fonction.

M. Halberstadt tente une conciliation. Il y a eu quelques paroles un
peu malheureuses, alors que nous sommes ici pour entamer un dialogue
sur la pédagogie. Quelqu'un a dit « les programmes, entre guillemets
». C'est regrettable, il n'y a pas de programmes entre guillemets.
Nous sommes là pour trouver des manières de fonctionner avec les
jeunes...

Une élève s'adressant à M. Fatras— Vous avez parlé de
répartition équitable, mais ce lieu, il est unique.

Mme Duval — Les autres aussi sont uniques !

Un élève — Vous avez parlé de révolution dans le secondaire.
Dans les collèges traditionnels, dans les lycées traditionnels, ils
ne la voient pas la révolution. Ils n'ont vu aucun changement.
Quelles que soient les réformes ! La révolution, c'est ici et
maintenant !

Une parente d'élève — Il faut faire confiance aux enfants. Les
enseignants ici ne sont pas du tout des laxistes. Ils font en sorte
que chacun aille au bout d'un projet.

Une enseignante — J'ai une demande à formuler. Il y a eu une
évaluation en 1993 sur le coût du lycée autogéré de Paris, et une
comparaison avec d'autres établissements de même taille. J'aimerais
que les calculs soient faits à nouveau.

M. Marcaillou, doyen, se voulant apaisant — Nous avions prévu de
venir vous rencontrer chaque fois que possible...

La même enseignante, de mauvaise humeur — Peut-être qu'il nous
sera difficile de vous accueillir...

Une élève — Je vous pose la question primordiale : est-ce que la
suppression d'un demi poste est maintenue, ou pas ?

M. Fatras — Je ne suis pas décisionnaire.

Une mère d'ancien élève — Dans ce lycée, non seulement on y
enseigne les savoirs, mais on y enseigne aussi la citoyenneté.

Monsieur Fatras rappelle que l'occupation du Rectorat la veille peut
être contre productive.

Un ancien qui reprend la parole — Pouvez-vous nous dire quelle sera
votre position face au recteur ? Je n'ai pas entendu votre réponse
sur le demi poste.

Monsieur Fatras termine en disant que c'était au recteur qu'il
donnait la primeur de ses avis.

Lorsque l'Assemblée Générale s'achève, la plupart des gens
semblent épuisés, particulièrement M. Fatras et ceux qui ont
représentés le lycée dans les négociations.

La visite s'achève par un goûter organisé par les membres du
projet Comédie Musicale, mais les membres de la délégation du
Rectorat ne s'attardent pas. Ils emportent un recueil de témoignages
d'anciens élèves, recueil d'où étaient extraits quelques passages
dans le spectacle du début.

Un ancien disait du lycée : « Sa part la plus belle, c'est sa part
d'imperfection, sa part d'humanité ».

Bernard Elman"Bernard

 

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Commentaires
A
Merci. <br /> <br /> J'ai lu le site. Mais je n'avais pas trouvé les séries en question en fait. Mais j'ai eu la réponse sur wikipédia. Tu viens donc de me confirmer le résultat de mes recherches.<br /> <br /> Quelque chose me dit que tu y' a préparé et obtenu le bac ES. J'ai bon?
C
Aux dernières nouvelles y'a S, ES et L.<br /> <br /> voici leur site internet:<br /> <br /> http://www.l-a-p.org/
A
Bonsoir.<br /> <br /> J'ai déjà entendu parler de ce genre de lycée dans un reportage TV.<br /> J'aime bien le concept mais ils sont encore trop rare.<br /> <br /> Dit-moi, des bacs de quels séries? Générale? Techno? Pro?
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